Prisonnier (4)

Le navire rengaina les amarres près d'une petite plage au sable noir comme l'ébène, signe qu'un volcan siégeait à quelques lieues de là. La chaleur était présente, lourde et empoisonnante, ses crochets de fer brûlant la peau. Débouchant sur un désert, il fallut marcher et marcher. "Je vois des camarades tomber sous le soleil de mort, mourir sous les coups du capitaine et de ses soldats, crever sous les maladies, la fièvre jaune ou les moustiques putrides." Alkimen était fatigué, il avait lutté contre cette fièvre qui annihilait ses forces d'une aura de paresse. Monstre aux yeux verts, le capitaine ne voulait pas que le Paladin meure, car c'était la pièce clef de sa marchandise, le sacrifice le plus exemplaire, la bête du corps à corps, soi-disant. Ils débouchèrent dans une sorte de désert de glaise ou d'argile, la chaleur devenant moite à mesure que la troupe avançait. Les nuées de moustiques se multipliaient, et bientôt on dut couvrir les prisonniers d'une longue bâche en peau de vache, bientôt recouverte d'une couverture noire de bestioles volantes, prêtes à manger chair salie coûte que coûte. de loin, l'on pouvait apercevoir un petit terrain occupé par des tourelles en pierre noire, sûrement du jais ou quelque chose dans ce genre là, ou alors tout simplement des briques peintes de noir. Telles les doigts de la Mort, elles s'élevaient en un geste gracieux vers le Ciel de braise. Fallait-il survivre à la traversée, au scorbut, à la malaria, à la fièvre jaune, pour finir dans cette prison de l'enfer ? Lieues après lieues, ils arrivèrent devant l'entrée. Suant comme un porc, le capitaine mi-orc présenta son blason, et le guerrier orc vêtu de cuir sombre au regard bestial les laissa passer, sous les têtes baissées des détenus. Seul Alkimen la gardait haute, mais il reçut un coup sur le crâne, et dut la rabaisser.

Harshur présenta sa marchandise aux gardes, et le sergent chef, habillé d'une cape pourpre qui le différenciait de ses subordonnés, glissa dans la paume visqueuse du Capitaine une bourse pleine de pièces d'or, probablement. il s'en alla avec ses hommes, gardant avec lui une dizaine d'esclaves pour le navire. Mais alors qu'il partait, le chef s'avança et sortit de son fourreau une hache terrible, et décapita Harshur. Tous les détenus, et Alkimen lui-même, furent impressionnés et terrifiés. Il était plus terrible qu'Harshur. "Nous sommes foutus", pensa Alkimen. Après son exécution, l'Orc inspecta ses nouveux esclaves. Il en fit des rangées, et le Paladin fut mis dans la section des forts, qui allaient forger les armes des putrides créatures. "Que vais-je faire ?" se sonda le paladin. Il était prisonnier des orcs. L'aventure n'était pas aussi belle qu'il ne s'était laissé penser.

Gorgrim avait été poster à l’avant poste des terres aride sous les ordre du chef de clan Truskh, un puissant orc devenus célèbre pour les nombreuse batailles contres les nains des colline où il avait participer et sortit victorieux. Gorgrim ne se laissait jamais impressionner par plus grand que lui, tout comme plus petit, car le chef de guerre mesurait facilement dix centimètres de moins que lui. Mais était-il vraiment moins impressionnant pour un humain ? Faut dire que le plus petit des orcs mesure au moins deux mètres de haut.

Cela allait faire deux mois que Gorgrim avait été poster ici et il commençait en avoir marre. Il ne voyait jamais le sang, exceptés celui des rares esclaves qui tentait de s’échapper. S’était vraiment ennuyeux. Pour le moment lui et trois autres orcs tenait compagnie au chef de Guerre Truskh sur les docks, un bateau d’esclave devait pas tardé à arriver. Gorgrim claqua violement sa main droite contre son épaule gauche, tuant par la même occasion le moustique qui était en trin de pomper son sang. Car il ne portait pas ses épaulette ni son casque, même sa fidèle claymore était restée à la caserne, son arme ne lui servait à rien ici, les esclaves arrivaient malade et maigrichon. Un gobelin crevés pouvait allongés le premier venus d’une pichenette.

Après un long moment d’attente le bateau d’esclave fini par accostés, un homme plutôt massive à la tète déformer et au teint sombre fut le premier a descendre, sans doute un demi orc. Cet être abject dégoûté Gorgrim qui aurait bien voulut l’étriper, mais il ne fut pas le seul à avoir cette idée. Effectivement, après lui avoir donner une bourse de cailloux que le marchand d’esclave avait prit pour des pièce d’or, Truskh l’avait d’un simple coup de hache décapités. La tète du pauvres malheureux roula jusqu’à tomber dans l’eau, le corps lui s’effondra là où la vie l’avait quitter.

Gorgrim bailla plusieurs fois alors que son chef de guerre trier les esclaves entre fort et faible. Lui préférés les faibles, s’étaient se qui généralement finissaient dans leurs assiette, rien que di pensés Gorgrim un filet de bave pendait de sa bouche.

-Hé, toi ! Cria son chef en le montrant du doigt.
-Moi ? Demandas Gorgrim en se montrant du doigt, toi vouloir que moi faire quoi ?
-Mène tout se petit monde en cellule, cracha son supérieur en montrant du doigt se qu’il avait classer dans la catégorie « fort », il faut les mater, et ne leurs donne pas à manger. Laissons les se manger entre eux pendant quelque semaine ils seront ensuite apte à nous obéir.

S’était un plan bien trop complexe pour le petit cerveaux de Gorgrim pour qu’il puisse comprendre, mais il en comprit l’essentiel : ne pas leurs donner à manger. Cette idée enchanter Gorgrim, car il savait que si on donnait moins aux esclaves il y en aurait plus pour eux, les orcs. Les esclaves furent alors dépouiller de tout se qu’ils posséder puis enchaîner entres eux par les main. Gorgrim se plaça derrière eux frappant du pied celui en fin de file.

-Aller ! Vous avancé !

Le sergent-chef plaça la division d'Alkimen, catégorie "fort", sous le commandement d'un grand orc, à l'allure aussi forte que stupide. Mais jamais au grand jamais fallait-il se fier aux apparences, même si toutefois, rien qu'à le regarder avec ses muscles proéminents et son air abruti, on définissait cet orc comme plus apte à écraser un humain de ses dix doigts qu'à écrire une thèse sur le sujet avec ces mêmes dix doigts.

-Allez ! Avancez ! ordonna le sous-chef d'un air menaçant, et son ton faisait pensé à un grognement d'ours, mais après tout, il ressemblait plus à cet animal qu'à un humain.

Alkimen regarda ses camarades détenus qui baissaient la tête, serviles de peur d'être tués. Le paladin -s'il on pouvait toujours lui donner ce titre- gardait la tête haute, et alors que la compagnie avançait vers ce qui semblait la seconde tourelle noire, ornée de pics et de fers, une grille énorme aux barres épaisses en guise de porte, Alkimen réfléchissait à un plan pour détourner l'orc de son but final. La grille se se leva, car des subalternes tournaient de longues manivelles pour faire fonctionner l'ouvrage. Ils entrèrent, chef devant. "Que faire, que faire, que faire, bon sang de bonsoir... Je ne sais pas... Lui proposer de nous libérer contre de l'or ? Non, cet orc n'est pas un nain... Un nain est avide de précieux alors qu'un orc est avide de... de sang, mais c'est bien sûr !" réfléchissait à toute allure le preux jeune homme. Il pensa à ce qu'il allait dire car après tout, aucun faux pas ne pouvait être fait, sous peine de condamner toute la compagnie entière. Alkimen renifla, et d'un geste de manche, il essuya la morve qui lui siégeait le nez; toute cette vermine lui avait repeint le profil. Il n'était plus très beau, longs cheveux sales si noirs de crasse qu'on aurait jamais pu penser qu'il était blond soleil, barbe mi-longue pleine de poux, le regard cireux, les traits lourds et les cernes creusées, la crasse avait envahi sa peau. Et certains le disaient Paladin de la Sainte Lumière ! Foutaises ! Il était parti candide, assoiffé d'aventure, mais jamais n'aurait-il imaginé voir ce monde de cet œil-là. Il n'avait jamais goûté au plaisir du sexe, jamais eu un cheval à soi, jamais une épée digne de ce nom. Il avait perdu sa flamberge dans le bateau (on le lui avait retiré). "Merde de merde, moi qui pensais pouvoir être utile !" Et il se souvint de son plan. S'approchant prudemment de l'orc, à un peu plus d'un coup d'épée de distance, il imaginait la terrible faucheuse que pouvait porter l'orc, pendant au côté d'un air sinistre. Il lâcha ses mots-ci lentement pour ne pas rendre fou d'incompréhension le démon:

-Terrible Faucheur des Plaines Arides, Ô Seigneur de la Souffrance, n'es-tu pas digne de combattre la Lumière là où il se doit ? Faut-il qu'ils t'envoient dans ce trou moisi où la seule distraction est de torturer quelque esclave déjà souffrant dans l'âme, déjà amoché ? Je te propose un marché, Roi des Orcs ! Fais-nous libérer discrètement, allions-nous, et je te montrerai ton Vallhala à toi, ta dose de sang, ton carnage brutal, ta vie en gros ! Car Sire Orc, tu ne mérites pas d'être dans cette condition, dans cet endroit miséreux sous les ordres d'un vil chef qui ne sait pas reconnaitre tes talents. Qu'en dis-tu, Orc ? Et quel est ton nom ?

Après cette longue tirade -la plus longue qu'il ait faite depuis perpétuité-, il dévisagea l'orc, qui ne semblait pas avoir changé d'expression. Allait-il l'aider ? Allait-il compter sur le sang, la mort ? Ce qui se passerait ensuite s'il acceptait, Alkimen aviserait. "Par pitié, dis oui sacré Démon !" Priant la Sainte Lumière et les Dieux Célèstes, Alkimen semblait avoir recouvré la foi.

L'orc réfléchissait, et même s'il y prenait du temps, on pouvait voir les traits figés en une grimace, le regard concentré. Le terrible sous-chef sembla constater quelque chose, car une lueur s'allumait petit à petit dans ses yeux de vase. Alkimen avait peur, il l'admettait intérieurement, mais il se retenait de courir prendre la fuite, car il savait qu'il pourrait peut être se sauver de ce bordel. Un éclair de joie passa sur le visage râpeux du guerrier, mais une onde de colère le déforma. L'immense pieuvre que formait la main du géant agrippa le cou fin du Paladin, et serra légèrement pour montrer au jeune homme qu'il n'était pas dupe, et que s'il y avait problème, ce dernier se résoudrait comme cela, d'un craquement sinistre.

-Toi prendre moi pour idiot ! tonna le chef de division orc.

Il secoua l'humain, qui semblait un nain par rapport à la créature maléfique. Brutalement, sans aucune mesure. Alkimen souffrait, et manqua de s'étouffer, tentant de mettre son cou droit pour ne pas qu'il se casse. Cependant l'orc sembla comprendre. Il lâcha:

-Qu'est-ce que toi pourrais faire ? Toi croire capable de quoi ? grogna-t-il violemment, avant de larguer un gros mollard jaunâtre et visqueux sur le visage sale du soldat humain.

Alkimen s'essuya d'une main qui n'était pas plaquée sur le corps par la peur, et réfléchissant à ce qu'il pouvait dire, il calcula ses chances de vie: une seule sur une centaine. Il caressa sa tempe dans un geste qui se voulait astucieux, et crissant des dents, il tenta de parler. Mais la terreur bloquait sa gorge, sa glotte et ses cordes vocales. Crachant par terre, prêt à vomir s'il le fallait, il se calma enfin. Il contempla le visage sérieux et déchirant de la bête bipède. Que fallait-il faire ? Alkimen perdait toute assurance, rien que de regarder ce visage moisi des combats, rêche et dur comme la pierre, les os des pommettes ressortant avec une grâce bestiale. Mais enfin, il parla:

-Sombre Maître d'Armes, alors que ton chef te restreint du pouvoir de la division, tu pourrais devenir bien plus. Mais chaque chose a son début. Je te propose un plan, car il est connu que même les orcs, pourtant si fiers aux combats, ne sont pas de si bons stratèges. Je te propose un plan facile et tu me laisses libre avec les prisonniers vivants. Mon plan est simple: convaincs tes hommes... enfin, tes orcs... que tu es le plus fort, fais leur peur. Vas voir le chef, et tue-le. Ensuite, laisse-nous partir. C'est le seul service que je te demande, Légende Vivante de Guerrier Parfait.

Pensant qu'il avait bien déclaré ce qu'il avait à dire, Alkimen attendit sagement, la main verdâtre toujours collée au cou fébrile du jeune homme, qui résistait à la tentation de s'évanouir, de fatigue, de peur et de fièvre.

La tête d'Alkimen se balançait de tous les côtés, et une irrépressible envie de vomir lui tenaillait l'estomac et le crâne. Foutre dieu, cette espèce d'énergumène allait-il arrêter de le tourner comme une poupée de toile ? Le paladin sentit la nausée prendre plus de vigueur, et il pensait qu'il allait s'évanouir si l'orc continuait à lui bafouer la tête.

-TOI STUPIDE ! TOI PAS COMPRENDRE QUAND MOI PARLE ! grogna le fou-furieux en le secouant de plus belle.

Mais il comprit qu'il ne fallait pas tuer l'humain, car peut être celui-ci pourrait-il l'aider contre le chef avec lequel orc avait un grief. Le chef de division sembla réfléchir, et pendant presque cinq minutes on pouvait entendre le cri des oiseaux qui retentaient de se poser à proximité de l'avant-poste, effrayés d'habitude par les voix graves et tonitruantes des guerriers de Dork-Malak. Le sous-chef orc bava, et le long filet coula, s'écrasant sur le sol en un "floc" dégoutant, révoltant pour le ventre. Il dit plus calmement à l'humain:

-Qu’est que toi peut faire, pour aider moi ? Qu’es que toi capable de faire ? Utiliser épée ? Magie ? Arc ? Cracher du poison par les narines ? Si toi faire longue réponse, moi broyer toi !

Sa voix restait grave, mais le ton était plus malin, comme si l'intelligence relative de l'orc s'était accentué pendant ces quelques instants. Alkimen avait mal à la tête, et il cherchait désespérément les mots qui conviendraient le mieux pour ne pas finir mort, cadavre pouilleux dans une fosse commune. Le paladin ferma les yeux, en quête du vocabulaire qui correspondrait le mieux à l'orc.

-Combattant, commença-t-il, avant de comprendre qu'il disait un mot de trop, je manie l'épée, et avec bouclier et armure, je suis... euh... très fort. Si toi, tu me trouves le matériel, je t'aiderai à devenir le chef. Tu nous laisseras partir, ensuite. D'accord ?

Alkimen se demandait s'il avait bien formulé les choses. Il n'était pas habitué à parler rigide, et ce langage qu'il espérait suffisamment simple convaincrait-il l'orc de l'aider à sortir de cet enfer puant ? Alkimen prépara son esprit au grand plongeon dans la Mort, au cas où. Il pria le Dieu Céleste, Lum'dix son fils et Hanor, dieu mort de la Terre. "Soyez avec moi, dieux de l'espoir, car j'ai plus que besoin de vous !"

L'orc réfléchit beaucoup plus rapidement, et le regard brut, acidulé de méchanceté, sembla se peindre d'une ombre sauvage. Desserrant son emprise sur l'humain, le terrible orc rugit bestialement pour faire entrer les prisonniers dans la cellule. Personne ne résista, tout le monde entra de peur de se faire déchiqueter par l'incroyable orc. Seul Alkimen avait été épargné de cette prison. Pensant qu'il avait dit de libérer tous les esclaves, il se jura de venir les chercher après le combat. L'orc engueula les deux gardes qui fermèrent la grille derrière eux. L'orc brisa les chaînes qui retenaient prisonnier le paladin d'un crissement de dents, cassant net en monceaux le vieux bout rouillé. Il se grogna à Alkimen:

-Toi vouloir épée, toi suivre moi, toi vouloir armure, toi suivre moi, maintenant !.

Il ramassa le bout de chaîne encore intacte, et pour faire croire à la soumission du détenu, il l'ajusta de manière à ce qu'on croit Alkimen attaché. Le soldat humain commença à marcher suivant de prêt le guerrier aux épaules musclées, si' l'on puisse dire cela. Ils débouchèrent devant des petites casernes, où les autres orcs saluaient le gros tortionnaire d'un signe de main discret. Enfin, les deux compagnons passèrent devant une petite masure en bois, et ils y entrèrent. A l'intérieur, les épées orcs étaient exposées dans un grand panier tressé, de même pour les haches et les lances. Alkimen contempla les armes, cherchant désespérément sa flamberge, même s'il la savait déjà dans la forge de l'avant-poste. Il se contenta d'une rapière en fer noir, et au manche d'ébène tatoué d'un crâne d'elfe. Il explora le petit bâtiment, et se choisit une armure de cuir noir, cachant sa peau pâle d'humain. Il entreprit de se maquiller le visage via les camouflages traditionnels orcs, de manière à prendre l'apparence de l'un d'entre-eux, certes frêle mais quand même ressemblant. Il plaça sur son crâne sale un heaume également en fer noir, et là il se sentait vraiment à l'aise. Il vola un fourreau, le mit à son côté avant d'y introduire la rapière dedans. Voyant qu'elle n'y entrait pas, il changea de fourreau. Il introduisit quelques dagues dans ses manches, bottes et poches, mais un nombre limité pour ne pas se surchargé et être défait rapidement. Il accrocha un arc en if, basique, sur son dos, et d'un carquois de petites flèches aux pointes d'obsidienne. Elles étaient un peu primitives mais suffiraient pour ce qu'ils avaient à faire. Pour finir, il opta pour une paire de bottes en daim noir, et des gants de pareille matière.
Armé, habillé, il se sentait rassuré d'avoir une arme au côté. "Ça va chier", pensa-t-il, espoir de revanche grandissant dans son esprit fatigué. La couleur de ses yeux regagnaient quelque allure, il fallait donc qu'il les baisse de peur d'être démasqué, car l'orc le jetterait en pâture si ses comparses le soupçonnaient de complicité avec l'humain. Ce dernier, préparé, regarda l'orc déjà vêtu:

-Je suis prêt. Quand est-il de toi ? Tu comptes t'armer ? Tu n'as pas d'arme pour corps à corps, à ce que je sache. Que faisons-nous, digne orc ? Je suis entièrement ton hôte dans ce territoire hostile.

Alkimen se sentait sûr de lui, avec sa barbe pleine de poux, noire de crasse comme ses cheveux. Il avait hâte de prendre un bain, de se nettoyer de toute cette souillure qui ne lui allait pas. Qui n'allait à personne, en vérité.

A peine Alkimen avait-il formulé sa question que l'orc cria:

-Arme ! dans un cri presque guerrier, mais en même temps chaque parole d'une pareille créature laissait penser à un cri de guerre.

Alkimen le vit tournoyer, cassant caisses et tables, chaises et armoires, avant enfin de trouver une superbe claymore longue de plusieurs pieds, qui devait briser et déchiqueter chair et os. Le paladin eut une sueur froide en contemplant la lourde arme d'estoc. Il espérait durement que l'orc ne le trahirait pas. Le soldat humain, dans son uniforme ennemi, ressentait une légère sensation de trahison avec ses vêtements des ténèbres, mais la Sainte Lumière le protégeait de la contamination, de la corruption. L'orc, casque sur le chef, lança d'un ton sec:

-Prêt ! avant de prendre la porte de ses mains et de l'arracher brutalement.

Le fracas réveilla deux gardes orcs, qui périrent dans un bain de sang si rapidement que même le chef de division n'avait pas pu constater son double-meurtre. Alkimen se reprit, secoua son corps en un long frisson et vit l'orc qui lui disait par un signe de main de le suivre. Ils sortirent hors de la bâtisse, et là, les orcs étaient rameutés en un régiment presque burlesque s'ils n'avaient pas sur le visage une expression de haine déchirante. Alkimen se demanda si son compagnon allait tenter de convaincre certains de le joindre, puis il renonça à réfléchir plus, et se lança dans la mêlée, faisant tournoyer sa rapière en un cercle de mort. Tranchant bras et jambes, têtes et bouts d'armures, il ne vit pas le coup que lui porta un adversaire au visage. L'entaille lui fit saigner sous l'oeil, légèrement, mais cela remplit l'humain d'une aura de colère destructrice. Il tua l'ennemi qui l'avait blessé d'une feinte visqueuse, se penchant pour faire croire qu'il allait taper le crâne de bas en haut alors qu'il planta sa lame dans le pied brun de l'orc. Ce dernier hurla, et Alkimen profita de l'instant pour transpercer le corps du démon violemment. Le jet de sang sortit tel une vague hors de la bouche du guerrier, qui tomba raide mort. Le paladin se nettoya le visage de sa manche, avant de repartir à l'assaut. Il repensa à cette phrase si significative: "Ça va chier !" avant de hurler:

-GLOIRE A LA SAINTE LUMIERE PURIFICATRICE !

Parant, attaquant, se repliant, Alkimen se battait comme un diable, et le sang avait rougi ses habits, trempés. Le paladin évita d'un mouvement de tête un coup qui lui aurait trancher le crâne s'il n'avait pas faite cette esquive. Il poignarda de sa rapière l'attaquant, et la gerbe de sang l'aveugla. Un cercle de bêtes malfaisantes l'entoura, et trop concentré à se débarrasser de cette texture épaisse qui non seulement lui collait les yeux mais les lui piquait, il ne vit pas venir la parade d'un des geôliers. Il ressentit une vive douleur au genoux, et en déduisit rapidement que ce dernier, qui était le gauche, avait été brisé sous l'impact. Boitant légèrement, il hurla et trancha en sautant par terre les tendons du combattant adverse. Ce dernier gémit de douleur, avant qu'Alkimen ne lui lacérasse la gorge. Mais tout à coup, le cri de rage que poussa l'un des orcs fit fléchir le paladin, qui s'effondra sur le sol moite et poussiéreux. Tous les orcs s'étaient arrêté sous le rugissement du monstre, et le soldat humain, relevant la tête avec humeur, aperçut son allié lever les bras tel un chef d'orchestre recevant les clameurs du public. L'orc attrapa Alkimen par le col hors des restes du combat puis le reposa doucement et lui demanda de le suivre. Alkimen y consentit, suivant le guerrier aux larges épaules. Il explosa la porte du bâtiment où dormait et logeait le chef, d'un coup de pied que pour rien au monde on n'aurait voulu sentir à son cul. Les deux gars qui montaient la garde périrent sous le choc.

-Ici ! tonna-t-il.

La jambe le tenaillant de douleur, l'humain marchait tel un somnambule, traînant la pâte comme un chien blessé.
Il décrivit du regard l'intérieur. Les blasons exposés au murs étaient terrifiants, épées plongées dans le cœur d'un elfe, crâne d'orc surplombant une mer obscure, et d'autres encore moins sympathiques. Il inspecta l'endroit, composé d'un salon, et d'une chambre fermé à clef. Le chef avait du voir par sa fenêtre grillagée le terrible carnage commis par son subalterne, et le reste d'entre eux agenouillés en position de soumission. Alkimen leva sa lame, et d'un trait il sectionna la poignée de la porte fermée. Il poussa de la pointe de sa rapière la porte, prêt à défendre chèrement sa peau, pour découvrir le chef de l'avant poste dans une armure de combat machiavélique, aux plates noires surplombées de pics d'argent, le casque en forme de croc vers la bouche laissait découvrir celle de l'orc, et ses dents à lui aussi acérées que l'acier de l'arme du paladin semblaient être faites d'acier, un peu jauni, mais d'acier tout de même. Cet orc était peut être mauvais, mais on ne pouvait critiquer son honneur. Cependant, contre toute attente, il mit genoux à terre, exposant sa nuque aux deux compagnons. En langage humain, Alkimen demanda à l'orc ce qu'on faisait du chef.

-Tu le tues ? A toi l'honneur ? Parce qu'on ne le laissera pas vivant.

Il attendit patiemment la réponse du guerrier à la terreur verte, réjoui de leur victoire, content de pouvoir libérer les otages et de s'en aller de ce bourbier rapidement. Il affaissa ses épaules de fatigue, et ses muscles lui juraient souffrance de tout côté. Son genou devrait être soigné, aussi, car sinon, la gangrène s'installerait, et adieu la jambe ! "Maudit combat mais quelle belle foutue victoire !" pensa le Paladin.

Le compagnon orc sembla analyser les paroles du paladin, car il exécuta sobrement, mais avec joie le chef orc. Celui-ci avant de mourir avait lâché un "A vos ordres" plein de soumission, et le guerrier orc avait dû se sentir épris d'un orgueil nouveau. Alkimen avait assisté à la scène le regard digne, teinté de haine, visiblement nocive car le chef en était mort. Le paladin contempla son frère d'armes de cette bataille frapper un orc en ricanant, avant de s'installer dans un trône après avoir lever son arme, signe de victoire. A ce signe les combattants s'étaient prosternés, tels des prêtres devant leurs statues de femmes. L'humain s'approcha d'un point d'eau et se lava le visage de son maquillage, ce qui put surprendre certains des asservis, mais s'ils l'étaient ne le montrèrent pas. Alkimen se dirigea ensuite vers le nouveau chef de division. Il avait plusieurs questions. Car il ne connaissait pas foncièrement cet orc, et quelque part il l'espérait bon de nature, car cette aventure lui avait appris une chose, que le bien et le mal n'étaient pas totalement purs.

-Cher chef, tout d'abord je tenais à savoir ton nom, ami de sang pour ce carnage. Ensuite, je voudrais mon dû, c'est-à-dire les esclaves de ce jour, enfermés dans la tour de cellule effrayante.

Alkimen avait dit ça d'un ton mûr, se fichant de quelle manière le prendrait l'orc massif. Il était fatigué, tout le monde l'était. Ses muscles froissés lui crochetaient la peau, ses os étaient lourds, sa peau lacérée de coups, et son visage gardait une belle cicatrice, sous l'orbite, à l'horizontal. Premier signe de bataille, cela prouverait peut être qu'il avait de l'expérience. Mais ce n'est pas ses poux qui l'aideraient. Il verrait ça plus tard une fois arrivé chez lui, s'il y parvenait un jour. Le paladin demanderait aussi s'il pourrait ramener quelque richesse, quelque talisman orc pour prouver sa venue en ces terres arides, et il graverait le nom du guerrier orc. Même s'il l'avait fait pour lui, ce mâle l'avait aidé, contre toute une colonie de créatures maléfiques. Peut être qu'Alkimen reviendrait et le convaincrait à la Vraie Religion, celle de la Sainte Lumière qui l'avait fait survivre.

Gorgrim avait enfin réussi là où il le voulait, il était chef, mais par dessous tout il avait réduit en charpie se fils de gobelin, se crottin de dragon, se... Il aurait put continuer sur cette liste d'insulte encore longtemps si son cerveau en connaissait d'avantage. Tout sa pour désigner l'ancien chef de guerre "Truskh". Il fini par baisser son arme que jusque à présent il avait tenu au dessus de sa tète comme signe de triomphe. C’est alors que son regard se posa sur quelqu’un don il avait presque oublié l’existence, l’humain. Celui-ci marchait, ou plutôt boitait, jusqu’à lui, sans doute pour formuler sa requête.

-Cher chef, tout d'abord je tenais à savoir ton nom, ami de sang pour ce carnage. Ensuite, je voudrais mon dû, c'est-à-dire les esclaves de ce jour, enfermés dans la tour de cellule effrayante.

L’humain semblait fatiguer, il avait souffert de tous ces affrontements, plus que Gorgrim en tout cas. L’orc qui était assis sur le trône restas un bref instant à regarder dans le vide la bouche ouverte, comme à son habitude. A cette instant précis il réfléchissait poux se son nom, et oui c’est possible d’être aussi stupide que ses pieds. Le proverbe « être bête comme un orc » a bien était choisie.

-Gorgrim ! Je m’appelle Gorgrim, dit-il en se tapant la poitrine avec le poing.

Puis l’orc du encore marquer une pause pour pouvoir réfléchir à la deuxième requête de l’humain. Peut-être était-ce sa stupidités qui revenait à la charge mais au fond il l’aimais bien se petit gaillard, un grand… euh… petit guerrier. Malgré la fatigue et les blessures il avait combattus plusieurs orc et sortit victorieux. S’était un véritable orc ! Gorgrim dit peut-être quelque chose d’intelligent pour la première fois se jour là.

- Les prisonniers qui eu êtres dans cellule libérés ! Nous attendre prochain bateau pour avoir esclave !

Surplombant de son imposante stature les subordonnés orcs, le guerrier dévoila son nom après un silence appuyé. Le nom lui allait comme un gant, au son rêche et puissant. L'orc avait quelques égratignures visibles sur le visage mais rien de bien méchant. Il tonna enfin de son habituel grognement:

-Gorgrim ! Je m'appelle Gorgrim !

Et il accompagna d'un geste sa phrase, un coup dans son poitrail, fier de l'avoir résistant. Le nouveau chef sembla penser de nouveau, et Alkimen se tut respectueusement pour avoir la réponse à sa quête. Gorgrim plissa les yeux, et allait dire quelque chose, car les plis de sa bouche se tordaient légèrement.

- Les prisonniers qui eu êtres dans cellule libérés ! Nous attendre prochain bateau pour avoir esclave ! lança-t-il gravement. Peut être parce qu'il perdait une cargaison entière d'esclaves. Mais cet orc avait de l'honneur et ça, ça ne s'oublierait pas. Alkimen avait une dette maintenant.

Le paladin regroupa les prisonniers qui pouvaient tenir debout en rangs bien distincts tandis que les infirmes étaient placés dans des chariots avec les vivres et les armes. Alkimen faisait les préparatifs, fou comme un puceau venant de retrouver sa belle, ou avide comme de même puceau devant une putain. Gorgrim avait été bon, puisqu'il avait même droit à un peu de nourriture et deux trois vieilles armes. L'humain cria ses ordres, un peu excité et énervé. Il sortait de cet enfer. Prisonnier environ un mois sur le navire, deux dans ce camp orc, il en avait ras-les-bottes de tout ce merdier. Le paladin fit signe aux autres humains de le suivre. Les portes de l'avant-poste s'ouvrirent, et laissèrent partir les humains, après qu'Alkimen ait fait un salut de la main à Gorgrim en criant "Je me nomme Alkimen" en riant de bon cœur. Les détenus suivant le paladin tels les croyants suivant Moïse, ils s'en allèrent de là, peut être vers Irion, peut être autre part... Mais ça n'était pas fini.