Quelques semaines après l'épisode de la Taverne, où Alkimen était rentré à l'aube, ivre comme jamais il ne l'avait été, le Paladin voulait faire voyages ou plutôt explorations pour se faire une carte de repères et de cachettes.
Flamberge au fourreau, sac de toile au dos, bâton de noisetier en main, il avança parmi les ruelles, cherchant le lieu où pour tout novice l'aventure commençait: le port. Ne sachant pas où était celui-ci, il demanda à un vieil elfe aveugle où pouvait donc se trouver la foire aux bateaux.
-Tu suis l'Est à partir de la route à ta droite, tu continues pendant quelques centaines de mètres et puis, tu devrais arrivé vers le carrefour, près du Palais du Seigneur... euh... d'un Seigneur humain goinfré de femmes et de petits fours. Ensuite, tu devrais voir la mer. Tu longes cette dernière, et tu y es.
Comment l'aveugle pouvait s'y retrouver dans cette masse urbaine sans yeux. Comme s'il semblait deviner les pensées d'Alkimen, l'elfe lâcha:
-Il n'y a pas que les yeux qui guident. Penses-y, jeune guerrier.
Et il s'en alla, disparaissant dans l'une des nombreuses rues sombres. Alkimen haussa les épaules, et son sac se tordit sur sa colonne vertébrale. Réprimant de jurer, il suivit les indications du vieillard à la lettre. Débouchant sur le carrefour, il aperçut l'étendue d'eau qui se cachait derrière une fine brume blanchâtre. Il marcha environ une demi-heure avant d'arriver au port. Il cherche quelque marchand voulant bien l'emmener sur sa carcasse flottante. La Mer Ghorgé semblait un bon point de départ pour qui voulait connaitre tous les territoires possibles, existant sur ce monde qu'est Dionor. Un capitaine au regard droit, les traits sévères, taillés à la serpe, une petite barbichette noire taillée à la perfection, la stature imposante, s'avança vers le paladin.
-Tu cherches un endroit où t'embarquer, soldat ?
Réprimant l'envie de lui dire qu'il était Paladin de la Sainte Lumière, il acquiesça d'un léger signe de tête, avant que l'autre ne lui propose de venir. Alkimen et le capitaine aux airs d'esclavagiste conclurent un accord comme quoi si Alkimen faisait sa part du travail à bord du navire, il serait logé et nourri.
Alkimen marcha sur le ponton reliant vaisseau à terre ferme, dignement. Il partait pour l'aventure, décapiter monstres et spectres, explorant marais menaçants et plaines arides. Il ne savait pas où allait le bateau, mais pour le moment, il s'en fichait, naïf. Il partait loin de son Irion natale.